Les troglos côté nature
La vallée troglodytique des coteaux
Le bonheur est dans le vallon
C’est le coup de cœur d’une visite en sud Touraine. La vallée troglodytique des coteaux, de Sepmes à Draché, est l’un des sites les plus étonnants de la région. Sur le versant droit de la Manse, au long d’un coteau exposé plein sud, se dévoile une enfilade d’habitations troglodytiques, bien entretenues, avec leurs portes et fenêtres fleuries. Entre arbres et rochers, ces maisons creusées dans le tuffeau composent un patrimoine architectural et paysager exceptionnel et témoignent d’un passé très ancien.
Un sentier d’interprétation, long de 4,5 km et accessible en famille, permet une découverte du hameau et de ses richesses. Des grottes, un souterrain refuge ajoutent du mystère à la promenade et un four à pain, surmonté d’une cheminée d'aération, en parfait état, vaut à lui seul le détour. L’ensemble, en surplomb de la rivière, offre des vues panoramiques saisissantes.

Le bonheur est dans la tuff’ !
Plus d’une centaine de personnes habitent ce hameau enchanteur mais très protégé. Si une maison se libère, on ne la trouvera pas sur une annonce. Tout passe par le bouche à oreille. Ceux qui vivent ici mesurent leur chance. Ainsi Christophe et Karine Montas, Tourangeaux installés par choix il y a 20 ans dans l’ancien bar des Coteaux avec son comptoir et son enseigne « Café » imprimée sur le tuffeau. Ils ont construit leur maison devant la roche, aménagé les parties troglodytiques en pièces à vivre, salon télé, cave à vin, puis restauré une maison attenante pour en faire un gîte. « Le charme du troglo ? C’est la géologie, le panorama, cette vallée, avec le coteau qui ressort, les petites falaises, on a l’impression de vivre à la montagne ! » souligne Christophe qui aime aussi l’atmosphère de village. « On se connait tous, on se rencontre grâce au repas des voisins ou à la soirée châtaigne et on participe à des rendez-vous tournés vers les visiteurs comme les Journées européennes du Patrimoine. On a même constitué un Comité d’Animation du Coteau, le CAC, pour fédérer les activités et faire vivre notre coin ».
Francine Landry, retraitée tourangelle et grande voyageuse, s’est installée en 1998, dans l’ancienne salle de bal dont elle n’a conservé que le parquet. Cette native de Sainte-Maure se souvient des familles nombreuses et très modestes qui vivaient dans ces habitats particuliers. « Les enfants allaient à pied à l’école, jusqu’à la ville » explique-t-elle, avant d’ajouter : « il y avait des fêtes ici dont les anciens se souviennent, des mariages dans cette salle de bal ou encore la fête des jonquilles, notre fleur emblématique. » Francine adore son coteau et se déclare toujours ravie d’y croiser des randonneurs. Mais il faut qu’ils respectent les lieux et surtout les jonquilles, précisément les narcisses « trompette », trésor végétal du vallon qui forment de magnifiques tapis au printemps. La cueillette est limitée à « ce que la main peut contenir ». Qu’on se le dise !
Pour se renseigner sur les balades :
- Mairie de Draché : 02 47 65 02 13
- Mairie de Sepmes : 02 47 65 44 66
Troglos : le retour du champignon
La culture des champignons s’est développée dans les sous-sols de Paris mais la construction du métro, à la fin du XIXe siècle, l’a déplacée vers le Val de Loire. Dans les années 80, Loches et Beaulieu-lès-Loches comptaient vingt-huit champignonnières qui employaient plus de 1000 personnes. Presque disparu au siècle dernier, le champignon de culture pointe à nouveau son chapeau en Sud-Touraine. Ainsi, Sophie et Stéphane Crépin, couple d’agriculteurs bio, ont choisi de produire pleurotes, shitakés et champignons de Paris.
« Lorsque nous étions enfants, les champignonnières occupaient beaucoup de monde à Loches, c’était une culture historique. En 2009, nous avons décidé de nous lancer et d’utiliser notre cave de près de 3 ha, située près de notre maison, sur le coteau de la rue Saint-Jacques. Nous cultivons ici et dans une autre cave à Mauvières » explique Sophie qui produit 30 à 40 tonnes de champignons par an.
On s’enfonce avec elle, munie d’une lampe, dans un dédale de galeries, très saines, jusqu’à déboucher çà et là sur une vaste salle, où les champignons s’épanouissent, tels des coraux pour les shitakés, sur des blocs de substrats bio.

Que la lumière soit !
Sans lumière, pas de pousse. Shitakés, pleurotes et champignons de Paris croissent donc sous des néons, allumés plutôt la nuit. Sophie parle avec passion de l’art délicat de cette culture en milieu naturel : « en troglo, contrairement au bâtiment, la température, 13°, est constante et l’hygrométrie élevée, 90%. Pas besoin de chauffer ou de rafraîchir. C’est l’idéal. Mais c’est physique. Il faut multiplier les allers-retours dans les galeries ! »
Elle écoule sa récolte via la coopérative « Bio Centre Loire » et la production est commercialisée par la plateforme Biocop qui livre dans toute la France. « Il y a aussi les ventes en boutiques bio et à une quinzaine d’AMAP. Le champignon revient dans les assiettes, grâce notamment aux émissions culinaires. »
Alors est-il plaisant de travailler dans l’obscurité et un froid relatif ? « C’est une ambiance sereine, on est dans ses pensées. Il faut veiller à ne pas se priver trop longtemps de la lumière naturelle. Quand je travaillais seule dans la cave, j’écoutais des livres audios, j’ai ainsi « lu » tout Zola ! C’était agréable de retourner dans la cave pour connaitre la suite… »
Ces caves si elles sont sûres et expertisées contre les risques, ne sont pas ouvertes à la visite. Retrouvez leurs produits au marché de Loches (mercredis et samedis) sur le stand d’Antoine Séguy (rue Agnès Sorel), au Panier d’Angélique (rue Picois) et au Grand panier Bio (Z.A.C de Vauzelles).